Une ville devient #JauneVert
La Poste Suisse s’emploie à l’électrification du «dernier kilomètre»: d’ici 2030, tous les colis et toutes les lettres doivent être livrés avec des véhicules électriques. Dario Küng, responsable de la logistique du réseau de recharge, donne un aperçu de l’évolution de la plus grande flotte de véhicules électriques de Suisse en s’appuyant sur l’exemple de la ville de Lucerne.

À la mi-mai 2025, une camionnette électrique de la Poste, remplie de colis, quitte l’office de distribution de Rothenburg, dans le canton de Lucerne, à cinq heures du matin, pour effectuer sa tournée de distribution dans la ville de Lucerne. Contrairement à son prédécesseur fossile, elle brille non seulement d’un jaune postal classique, mais arbore aussi une importante bande verte et l’inscription «Doux glissement plutôt que vrombissement». En effet, depuis mai 2025, la ville de Lucerne est #JauneVert et toutes les lettres et tous les colis sont livrés par des véhicules électriques.
D’ici 2030, la Poste entend remplacer tous les véhicules de distribution de colis et de lettres fonctionnant à l’énergie fossile par des véhicules électriques. Cette mesure est essentielle pour atteindre l’objectif climatique et énergétique de la Poste. En novembre 2025, Zurich, Berne, Genève, Bâle, Thoune, Winterthour, Uster, Lucerne et Vernier seront desservies par des véhicules électriques. La Poste réduit ainsi l’empreinte carbone à raison d’environ 3500 tonnes de CO2 par an. À titre de comparaison, un vol aller Zurich-New York émet environ deux tonnes de CO2 par passager.
Pour atteindre l’objectif 2030, il faudra remplacer près de 5000 véhicules et équiper 450 centres de distribution dans toute la Suisse d’une infrastructure de recharge en l’espace de neuf ans – un projet logistique colossal chapeauté par Dario Küng, responsable de la logistique du réseau de recharge. Dans cette interview, il explique, en prenant l’exemple de la ville de Lucerne, comment plus de 70 véhicules sont remplacés en l’espace de quelques jours sans interrompre l’exploitation et comment tout un système passe des combustibles fossiles à l’électrique.
Dario Küng, que se passe-t-il lorsque la livraison est électrifiée dans une ville comme Lucerne?
Le coup d’envoi a été donné en mai 2023 et le dernier véhicule électrique a été mis en service en mars 2025 – le projet s’est donc étendu sur 23 mois. Généralement, nous commençons par élaborer un concept de recharge et déterminons les lieux concernés. La ville de Lucerne est approvisionnée en véhicules à partir de quatre sites situés dans différentes communes: un à Lucerne même, d’autres à Emmenbrücke, Adligenswil et Rothenburg. Nous avons donc dû installer une infrastructure de recharge sur quatre sites et remplacer des véhicules. Dans ce contexte, nous déposons les demandes de permis de construire, commandons les véhicules et attribuons les mandats pour l’installation de l’infrastructure de recharge et d’autres mesures de construction éventuelles. Nous passons ensuite à la mise en oeuvre.
Quel a été le plus grand défi à Lucerne?
Le site de Rothenburg, qui, avec ses 70 véhicules, est plutôt étendu s’est avéré être un casse-tête. 18 mois se sont écoulés entre la conception et la mise en service des bornes de recharge. Il présente en outre un défi en termes de planification: Rothenburg accueille non seulement des véhicules effectuant des livraisons dans la ville de Lucerne, mais aussi pour la commune de Rothenburg et les communes voisines. Mais ce n’est pas encore leur tour de passer à l’électrique.
Comment décide-t-on de l’électrification d’un lieu et à quel moment?
De nombreux critères déterminent le passage d’un lieu à l’électrique. Prenons l’exemple de la topographie: actuellement, il existe encore peu de véhicules électriques à quatre roues motrices adaptés. Par ailleurs, la sécurité du lieu et la longueur des itinéraires de livraison sont déterminantes. La charge utile maximale de 3,5 tonnes empêche actuellement d’installer des batteries plus grandes avec une autonomie de plus de 200 kilomètres dans les véhicules. Sans oublier la date de mise hors service des véhicules fonctionnant aux énergies fossiles. Sur la base de ces critères, nous électrifierons par exemple la commune de Vétroz après celle de Lucerne.
Pourquoi le tour de la commune de Rothenburg n’est-il pas encore venu?
Une fois qu’un lieu est équipé de l’infrastructure de recharge électrique, nous remplaçons progressivement les véhicules à combustibles fossiles par des véhicules électriques. Comme nous ne retirons pas prématurément de la circulation les véhicules à combustibles fossiles, il faut compter trois à quatre ans pour effectuer des livraisons 100 % électriques à partir d’un lieu. La commune de Rothenburg sera donc certainement également approvisionnée en véhicules électriques au cours des prochaines années. Mais les véhicules diesel utilisés doivent d’abord arriver en fin de vie, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un défi pour la planification.
Les scooters à trois roues destinés à distribuer le courrier sont tous électriques depuis 2017 déjà. Pourquoi les camionnettes ne suivent-elles que des années plus tard?
L’électrification des scooters à trois roues a été portée par le progrès technologique: ces scooters comptaient parmi l’un des premiers véhicules électriques à être produits en masse et à haut rendement. À l’époque, c’était aussi un choix financier, les scooters électriques étaient la solution la plus intéressante à tous égards. En revanche, le remplacement des véhicules de livraison est fortement motivé par notre objectif climatique et énergétique. Le marché ne suit véritablement le mouvement que depuis 2025. Certes, les modèles se perfectionnent d’année en année et nous achetons toujours les dernières versions. Mais cela signifie aussi que nous essuyons les plâtres. Et d’un point de vue financier, les grands véhicules de livraison électriques sont actuellement encore légèrement plus chers et se situeront, pour la première fois en 2026, au même niveau de prix que les véhicules fonctionnant aux énergies fossiles. À l’heure actuelle, la règle suivante s’applique encore: plus le véhicule est grand, plus la différence de prix entre le véhicule à combustible fossile et la version électrique est importante. Mais cela ne nous arrête pas, car nous sommes convaincus que l’électromobilité est l’avenir. C’est pourquoi nous investissons dans ce domaine et espérons que notre volume d’achats permettra d’accélérer le développement technologique sur le marché pour que l’électromobilité soit bientôt rentable pour tous.

La Poste Suisse chez EEC
La Poste Suisse s'engage depuis 2013 auprès d’EEC. Vous trouverez plus d'informations sur les objectifs et les mesures de la Poste Suisse pour l'énergie et le climat dans le portrait de l'acteur.